Bienvenue, là où se décide la vape de demain

Initiée avec l’Afnor il y a déjà 5 ans, la commission de normalisation sur les produits de la vape a accouché des trois premières normes “vape” au monde. Mais ce succès n’est que la première étape d’un travail qui continuera… tant que les produits de la vape existeront. Pour en apprendre plus sur le fonctionnement de ces comités, nous avons rencontré quelques “experts” de la commission au sein de laquelle on bataille sur les produits de demain.
Accompagner les produits, partout dans le monde
En initiant les trois normes sur la vape (e-liquides, matériel et mesure des émissions), la Fivape a ouvert un chapitre qui n’est pas près de se refermer. “Entrer dans un travail de normalisation, c’est comme commencer une randonnée, qui n’aurait pas de point d’arrivée, sourit Jean Moiroud, président de la Fivape. Le comité TC126 sur les produits du tabac, à l’ISO, existe depuis 1968, pourtant, les cigarettes n’ont pas vraiment changé. Pour les produits de la vape, nous ne voulons pas nous investir pour que rien ne change. Nous poussons et accompagnons cette démarche pour qu’elle soit porteuse de sens, et que la vape évolue au bénéfice des fumeurs qui souhaitent sortir de leur addiction au tabac.”

L’objectif est ambitieux, mais la tâche est rude pour les professionnels français. Il faut se rendre compte que cette commission française a donné naissance à une commission européenne au CEN (le comité européen de normalisation) puis à l’ISO, l’instance mondiale sur les standards. En conséquence, la charge de travail est triplée, avec des fonctionnements et implications différents, qui plus est.
“Dans la commission nationale, on arrive à suivre les travaux de près. Tout se passe en français. Et même si les parties prenantes sont nombreuses, on trouve généralement un consensus. Mais quand on passe aux réunions au CEN et à l’ISO, ce sont des délégations nationales qui interagissent, parlant au nom de leur pays, avec leurs réglementations propres. Les objectifs des uns et des autres sont si différents qu’il faut maintenir une vigilance de tous les instants”, explique Maxime Champagnac, membre actif des commissions et responsable scientifique chez Phode.

Un coude à coude avec l’industrie du tabac
Ouvertes à tous, les commissions de normalisation sont des instances à part de la vie économique. Des concurrents, les autorités, des sous-traitants, des partenaires économiques voire des associations de consommateurs peuvent s’y retrouver, sous l’égide des agences de normalisation. Notons l’importance de ces organismes, qui portent la responsabilité de la neutralité du “terrain” et celle de la tenue des discussions.
Concernant la vape, on imagine aisément la rivalité qui peut régner entre l’industrie du vapotage et celle du tabac, qui s’est évidemment invitée à la table des négociations dès les premiers jours. “Si l’objectif initial est noble, à savoir, s’entendre collectivement sur des standards de qualité et de sécurité, au bénéfice du consommateur, la nature disruptive de nos produits nous impose une veille constante sur les travaux. L’industrie du tabac est bien évidemment présente, et à son aise, dans ces comités dans lesquels elle a l’habitude d’évoluer à la fois ouvertement mais aussi en coulisse. Dans ce contexte, il ne faut négliger ni les aspects techniques, ni la vision d’ensemble pour ne pas perdre du terrain”, rapporte Jean Moiroud.
Les professionnels français de la vape indépendante font-ils le poids face à une industrie aux moyens financiers et humains énormes ? Charly Pairaud, qui représente la société VDLV dans la commission française, ne perd pas espoir : “nous nous employons, à la hauteur de nos moyens, à apporter des éléments scientifiques honnêtes et réalistes, pour contrebalancer certaines études destinées à complexifier le travail pour, finalement, déboucher sur des exigences qui seront inapplicables”.
“Les Français sont assez seuls à porter une vraie vision vape” – Renaud Boisseau, Lips France

Un optimisme partagé par Renaud Boisseau du laboratoire Lips France : “Nous sommes dans une bonne dynamique avec la filière de la vape indépendante. Nous avons appris à aller au-delà du rapport de concurrence pour avancer ensemble sur des sujets techniques. En revanche, il faut avouer que les Français sont assez seuls à porter une vraie vision vape. Il nous faudra absolument aller chercher des énergies dans d’autres pays d’Europe”. Un sentiment que partage le Dr Sébastien Roux, du Crivape : “Le combat de demain, au CEN, va porter sur les ingrédients et aura un impact potentiel sur la réglementation. Nous travaillons actuellement sur un apport technique majeur que nous devrons défendre bec et ongles pour rallier d’autres pays à notre cause”.
La réglementation française encadrant la vape est actuellement l’une des plus complètes au monde. Elle se renforce d’ailleurs chaque jour, grâce aux discussions entre toutes les parties prenantes à la poursuite des mêmes objectifs : garantir à la fois l’existence de fabricants extérieurs à l’industrie du tabac, et la protection des vapoteurs. Au niveau européen, les échanges sont plus compliqués, notamment parce que l’industrie du tabac a une grande expérience de la façon dont elle peut les orienter. Mais parions que la vape indépendante française, appuyée par d’autres pays désireux de sortir les fumeurs du tabac, saura se faire entendre pour continuer d’accompagner l’évolution de la réglementation !