GFN 2019 : quand la santé publique se mue en idéologie
Du 13 au 15 juin, le 6e Global Forum on Nicotine (GFN) a multiplié débats et projections de films dans les salles du Marriott Hotel de Varsovie (Pologne). Notre envoyé spécial Michael McGrady était sur place.
Sans doute la plus importante conférence consacrée à la réduction des risques du tabac, le GFN est sans aucun doute une expérience unique en son genre. Le forum est l’occasion de faire grossir son carnet de contacts en rencontrant des chercheurs, des décideurs politiques, des activistes et des scientifiques de plus de 70 pays. Cependant, c’est le thème du discours de remise du prix Michael Russell qui m’a marqué cette année.
Ronald Dworkin s’est concentré sur l’activisme en santé publique
Pour ceux qui l’ignorent, le prix Michael Russell récompense un professionnel accompli de la réduction des risques du tabac. Le prix porte le nom d’un psychiatre et chercheur scientifique, pionnier de la réduction des risques. Recevoir ce prix est un grand honneur et c’est le professeur David Abrams de l’Université de New York qui en a été lauréat cette année.
Chaque année, les organisateurs invitent un conférencier réputé pour prononcer un discours avant la remise du prix. Cette année, c’est Ronald Dworkin, médecin-anesthésiste et agrégé supérieur de recherches au Hudson Institute de Washington D.C., qui a hérité de cet honneur. Sa conférence, passionnante, s’est concentrée sur l’activisme en santé publique.
Plus tôt cette année, Dworkin avait déjà rédigé un essai important pour The American Interest sur la façon dont une forme d’arrogance particulière se dégage des professionnels de la santé publique. Selon lui, l’absence d’ “humilité et de rigueur scientifique” des militants de la santé publique leur permet d’utiliser leur position sociale pour transformer ce domaine en une idéologie de l’élitisme.
Les lacunes de la méthode de la santé publique
Je suis entièrement d’accord avec Dworkin et le fait que les militants de la santé publique utilisent un certain sophisme pour atteindre leurs objectifs. “La santé publique fait un travail important dans de nombreux domaines, comme les maladies infectieuses et l’hygiène”, a écrit Dworkin. “Le problème se pose lorsqu’elle applique sa méthode scientifique dans les sphères quotidiennes de la vie politique et économique, par exemple dans les domaines de la justice sociale, de la protection sociale, de l’égalité, de la redistribution des richesses, de la gouvernance, de l’éducation des enfants, des relations humaines, etc. sans aucune connaissance ou expérience réelle dans ces domaines.”
“Elle n’apporte pas grand-chose en dehors de la méthode scientifique, sous la forme d’études épidémiologiques. Elle n’a aucune formation, par exemple, en économie, en droit, en philosophie, en histoire ou en anthropologie culturelle”, soutient-il.
En s’appuyant sur les observations de Dworkin, il est intéressant de se pencher sur plusieurs cas. Par exemple, les chercheurs en santé publique continuent de publier des recherches qui utilisent la méthode scientifique pour déterminer les risques de la vape et de l’utilisation des cigarettes électroniques sur la santé. Cependant, le défaut sous-jacent de plusieurs de ces études est l’a priori général, parmi ces chercheurs, que le vapotage est tout aussi nocif que les cigarettes à fumer pour la société.
Prérequis : la vape est nocive
Appliquant l’argument du sophisme, les experts en santé publique diront et feront n’importe quoi pour faire passer leur message. Comme, par exemple, quand des fonctionnaires tels que Jerome Adams, chirurgien en chef américain, ou Alex Azar, secrétaire à la Santé et aux Services sociaux, ont comparé les cigarettes électroniques à l’héroïne ou ont aidé à paniquer la population autour de la consommation des mineurs.
“Lorsque la santé publique croit que la méthode scientifique, la logique, les bonnes intentions et l’idéalisme utopique peuvent résoudre certains des problèmes les plus insolubles de l’histoire de l’humanité, comme l’inégalité, la violence, les préjugés et le malheur quotidien, il en résulte une politique publique très déformée et très mal avisée. L’hostilité déraisonnable de la santé publique envers la vape en est un exemple”, a conclu Dworkin. Tout est dit.