La nicotine est-elle dangereuse pour la santé ?
La nicotine est un alcaloïde présent dans les feuilles de tabac mais aussi à très faible dose dans quelques légumes appartenant à la même famille de plante, les solanacées, comme la tomate, l’aubergine ou la pomme de terre, mais rassurez-vous, vous ne deviendriez pas « accro » à la patate en mangeant 5 kg de purée par jour, et pour les chips, c’est une autre histoire !
« La nicotine est l’une des principales substances responsables de l’addiction à la cigarette ». Cette notion, longtemps considérée comme acquise, peut néanmoins faire l’objet de débats au seins du milieu médical, notamment grâce aux travaux du Pr. Farsalinos, et le document « Le mythe de l’addiction à la nicotine » publié dès juin 2012 par le Pr. Molimard.
La nicotine dans la vape

Elle est ajoutée aux e-liquides jusqu’au taux maximum en Europe de 20 mg par ml, pour satisfaire le besoin des fumeurs en nicotine, mais semble surtout jouer un rôle important dans les premiers jours de sevrage : en limitant les effets de manque et éviter ainsi le ralentissement psychique, le stress, l’anxiété, les troubles du sommeil, l’irritabilité… tout comme dans l’utilisation des autres substituts nicotiniques comme le timbre transdermique (patch), l’aérosol (spray) et les pastilles.
Pour l’e-liquide, elle ajoute également « du corps » à la vapeur en provoquant une sensation de picotement dans la gorge appelée “hit”, participant ainsi très activement à la recherche de plaisir du fumeur, notion jusqu’alors sous estimée dans l’approche classique de la dépendance, au détriment du manque physiologique.
Les taux les plus élevés de nicotine pour une même saveur d’e-liquides peuvent altérer le ressenti gustatif des arômes. La confusion est telle que les sensations de hit et de goût sont parfois amalgamés pour nouveau vapoteur.
Comprendre la nicotine en détail

La nicotine seule n’est pas cancérigène et ne serait pas toxique dans les concentrations utilisées dans les e-liquides européens que le vapoteur utilise. Son pouvoir addictif pourrait être en partie dû à des substances toxiques présentes dans la fumée de cigarette qui bloqueraient des enzymes nous protégeant naturellement de la dépendance à la nicotine. Par ailleurs, l’acidité de la fumée de cigarette, comparée à celle de la vapeur, modifie la biodisponibilité de la nicotine et donc la dépendance et le pouvoir addictogène, en créant des récepteurs à nicotine.
Pour certains, le passage à la vape est parfois facile et la forte envie de cigarette ne revient qu’après quelques semaines, lorsque le corps se sevre réellement de la dépendance à la fumée de cigarette et à ses nombreux composés toxiques. Dans d’autres cas, on observe le phénomène inverse : après 15 jours d’abstinence (et de non alternance), la dépendance est vaincue au niveau physique. Il s’agit là d’un nouveau phénomène, celui de la lutte contre la dépendance psychologique et comportementale qui met en évidence l’importance d’un suivi, d’une qualité du conseil, et d’un vrai travail autour du maintien de la motivation. Stéphanie Castel n’hésite pas à parler d’une forme de « deuil psychologique à faire sur son image et son identité de fumeur ».
Dans les e-liquides actuels :
L’essentiel des marques utilise de la nicotine naturelle de qualité pharmaceutique (EP, USP ou BP) pour garantir un taux de pureté optimal.
À notre connaissance il n’existe pas de nicotine fabriquée de façon industrielle en France, car même si la plante de plante tabac type Burley (tabac français), est encore cultivée dans l’Hexagone, ce n’est plus en quantité suffisante pour en extraire de la nicotine made in France.
La tendance du marché :
Le développement technique des atomiseurs, la démocratisation progressive des “reconstructibles” et les dernières innovations sur les batteries et puissances délivrées, engendrent des performances accrues et une production de vapeur toujours plus importante. La majorité des vapoteurs se dirigent aujourd’hui vers les taux de 6 mg/ml à 12 mg/ml contre 12 ou 18 mg/ml auparavant, ce qui semble démontrer que la performance du matériel pourrait en partie compenser les besoins, car certaines sensations n’étaient autrefois atteintes que grâce aux fortes concentrations en nicotine des e-liquides. Nous voilà avec de nouvelles alternatives.
Quel taux de nicotine choisir ?

En boutique, on entend souvent ce calcul ; Vous fumez un paquet de 20 cigarettes par jour, sur le paquet est inscrit le taux de nicotine 0,8 mg. 20 x 0,8 = 16. Vous avez donc besoin d’un e-liquide à 16mg/ml.
Ce calcul se heurte à plusieurs écueils :
Tout d’abord il induit que la dose de nicotine journalière (16mg) serait atteinte avec la consommation de 1ml seulement, consommation qu’on ne peut pas prendre au sérieux. A l’inverse, avec le même liquide à 16mg/ml et une consommation quotidienne de 2ml, la dose de nicotine quotidienne explose et atteint donc 32 mg (40 cigarettes), et 48 mg (60 cigarettes) avec une consommation de 3ml d’e-liquide.
Mais ce n’est pas si simple : D’après des études tabacologiques la quantité moyenne récupérée sur une cigarette par n’importe quel profil de fumeur est d’environ 1,2 mg quel que soit le dosage au départ indiqué sur les paquets.
Le calcul correct pour une équivalence en cigarettes, d’une consommation quotidienne de 2ml d’e-liquide à 16mg/ml serait donc le suivant : 16 mg x 2 ml = 32 mg que l’on divise par le taux moyen par cigarette d’après cette notion (1,2 mg = 1 cigarette), donc 32 mg / 1,2 mg par cigarette = 26 cigarettes environ.
Enfin, vapoter n’est pas fumer n’est pas qu’un slogan, c’est aussi une réalité qui est mise en avant par les différences importantes entre la diffusion nicotinique de la cigarette et celle du vapotage. Or, si le taux de 0,8 mg indiqué sur le paquet de cigarettes est vérifié par une machine à fumer, celui du taux de nicotine délivrée par une e-cig n’a encore jamais été, de façon officielle, indiquée par une machine à vapoter.
Nous abordons ainsi un point crucial, celui de la biodisponibilité. Il s’agit de la fraction de la substance libérée (dans le cas présent, la nicotine) qui in-fine atteint son objectif et devient disponible pour produire l’effet biochimique attendu. En effet, 100 % de la nicotine contenue dans l’e-liquide n’arrivera pas dans le sang puis au cerveau.
Nous avons par exemple que dans le cas des substituts « Nicorette Microtab », que la biodisponibilité de la nicotine par voie sublinguale est d’environ 50 %. Nous savons aussi que le temps d’aspiration de la fumée de la cigarette peut multiplier par 10 le taux de nicotine passant dans le sang. Enfin, l’industrie du tabac est suspectée depuis longtemps d’utiliser des additifs pour améliorer la biodisponibilité de la nicotine dans la fumée de cigarette.
Des études ont montré que les autres substances contenues dans les e-liquides peuvent modifier la biodisponibilité de la nicotine. Des données précises, telles que nous pourrons les obtenir avec les normes AFNOR, et l’utilisation de bancs de tests spécifiques « machines à vapoter » nous aideront sans doute à y voir plus clair.
D’ici là, le taux indiqué sur le paquet de cigarettes et la consommation quotidienne peuvent être des indications, mais ne peuvent pas permettre des calculs fiables. Pour un fumeur en quête de sevrage tabagique, le dosage idéal de nicotine est celui qui apportera la bonne sensation sans inconfort. L’accompagnement et le suivi du vapoteur qui entre en boutique pour se sevrer du tabac prend donc alors tout son sens.E
Alors, la nicotine est-elle finalement dangereuse pour la santé ?
Se basant sur les travaux du Pr. autrichien Bernd Mayer, Jacques le Houezec rapporte sur son blog que l’estimation de la dose létale chez l’adulte se situe au moins entre 500 mg et 1000 mg de nicotine absorbée par l’organisme (un cas récent de tentative de suicide avec une dose ingérée de 1500 mg n’a pas été fatale). En cas d’ingestion, les premiers symptômes étant nausées et vomissements, seule une partie de la nicotine ingérée sera véritablement absorbée par l’organisme. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un produit toxique !