L’industrie de la vape est loin de polluer autant que celle du tabac mais avec la mise sur le marché d’environ 150 millions de bouteilles de 10 ml et de centaines de milliers d’appareils électroniques, seulement en France, qui pour la grande majorité arrivent de Chine, elle porte son lot de pollution. Heureusement, il est possible de réduire son empreinte carbone en adoptant de bonnes pratiques et certaines sont des obligations légales.
Verre, papier, carton, plastiques, appareils électroniques, métaux, l’industrie de la vape produit de nombreux déchets différents qu’il est primordial de recycler afin de pouvoir les réutiliser ou les dépolluer, et ainsi limiter l’impact environnemental du secteur. Les boutiques, notamment, sont obligées légalement d’appliquer une écocontribution et de collecter batteries, accus et matériels électroniques. “Nous sommes une jeune filière et nous nous sommes construits progressivement en faisant les choses de façon très empirique, et comme dans d’autres secteurs, notamment la formation, nous rattrapons actuellement notre retard”, explique Sébastien Rempp, gérant des magasins Yes Store, membre du bureau de la Fivape.
Pollueur/payeur

Mais comme pour les autres secteurs, c’est le principe du pollueur/payeur qui s’applique. “Les sociétés qui importent et mettent sur le marché les produits sont celles qui doivent payer, et les sociétés qui vendent au client final ont l’obligation de collecter, ajoute Sébastien Rempp. Parfois c’est le même acteur. Prenons le cas d’une boutique qui importe de Chine, elle doit payer l’écocontribution et collecter.”
Concernant les déchets toxiques comme les accus ou les fioles d’e-liquides nicotinés, outre le recyclage, il est important de les insérer dans le bon circuit. Par exemple, si les déchets nicotinés sont enfouis en grande quantité, ils vont polluer les sols. “De la même façon, les accus engendrent de la pollution s’ils partent dans les ordures ménagères et qu’ils sont incinérés. L’idée ce n’est pas forcément le recyclage, c’est déjà d’être responsable avec les éléments toxiques qui constituent nos produits”, complète Sébastien Rempp.
Verre, papier, carton : c’est facile
C’est ce qui se recycle le mieux en France. Les grossistes peuvent se mettre en contact avec des sociétés comme Veolia pour qu’elles viennent collecter les cartons d’emballage. D’autres les compactent et les rapportent au syndicat de collecte local. Pour les boutiques, le système diffère selon chaque ville, mais la plupart du temps, elles doivent les plier et les ficeler puis les déposer à un endroit dédié. Pour le carton et le verre, il faut les déposer dans les conteneurs prévus à cet effet.
Les bouchons de fiole
Comme dit précédemment, la vape produit énormément de bouchons (environ 150 millions chaque année). Ils sont en PEHD ou PET et non souillés, donc recyclables. Quand ils sont recyclés, ils sont broyés pour en faire des pièces en plastique comme des passages de roues automobiles, des pots de fleurs, des pièces techniques dans le bâtiment, etc.
Ce qu’il faut faire
C’est le rôle des boutiques de les collecter. Pour ce faire, il y a plusieurs moyens d’agir. Soit en contactant des entreprises spécialisées comme C2P dans le Nord, soit en contactant des associations comme Cœur de bouchons, Bouchons d’amours ou les Bouchons de l’espoir, qui œuvrent en plus pour les personnes handicapées. La Fivape est en contact avec elles, vous pouvez la contacter pour en savoir plus, ou encore les contacter directement.
Le matériel électronique
Ce sont des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Les entreprises qui importent, apposent leur marque et/ou produisent sont considérées comme producteurs. Une société qui revend des produits achetés en France (à un grossiste français, par exemple) n’est que metteur sur le marché.
Les obligations
Le distributeur :
- affichage séparé visible de l’éco-participation ;
- reprise de l’appareil usagé sur le lieu de vente ou en retour de livraison en 1 pour 1 (un récupéré pour un vendu), même pour les acteurs Web ;
- si le point de vente est supérieur à 400 m2, obligation de reprise 1 pour 0 (sans nécessairement vendre un appareil équivalent, via un meuble de collecte par exemple) ;
- remise des déchets à la filière choisie.
Le producteur (le fabricant ou l’importateur) :
Toutes les obligations précédentes en cas de distribution. De plus, chaque équipement électrique et électronique mis sur le marché après le 13 août 2005 doit être revêtu :
- d’un marquage permettant d’identifier son producteur et de déterminer qu’il a été mis sur le marché après cette date ;
- d’un pictogramme “poubelle barrée”. Si les dimensions de l’équipement ne le permettent pas, ce pictogramme figure sur l’emballage et sur les documents de garantie et notices d’utilisation qui l’accompagnent.
Il doit aussi contribuer à la collecte des DEEE via un éco-organisme. Les équipements électriques et électroniques mis sur le marché en France sont soumis à :
- une déclaration auprès de l’éco-organisme ;
- une facturation visible de l’éco-participation.
Lexique : qu’est-ce qu’un producteur ?
Selon le Code de l’environnement, la notion de distributeur englobe les sociétés qui fabriquent ou importent (ou introduisent depuis l’UE), ou revendent sous leur propre marque, ou vendent à distance depuis l’étranger des équipements électriques et électroniques (EEE) directement au consommateur final.
Pour être assisté dans ces tâches, il faut faire appel à un éco-organisme. En effet, celui-ci s’occupe des inscriptions, des démarches déclaratives, du recueil des taxes et du retraitement des DEEE.
Lexique : qu’est-ce qu’un metteur sur le marché ?
Tout grossiste, boutique, ou boutique de vente à distance qui importe des accus ou des box et les met pour la première fois en vente (ou en don) sur le territoire national est metteur sur le marché.
Piles et accus
Les metteurs sur le marché
Ils sont responsables de la collecte, du recyclage et de la communication aux autorités des piles ou accumulateurs mis sur le marché, notamment l’organisation de l’enlèvement, du traitement et du recyclage à un taux de rendement suffisant mais aussi de l’adhésion de leur société et de la transmission des déclarations annuelles auprès de l’Ademe. C’est lourd, fastidieux et chronophage. Aussi l’État français a donné agrément à deux organismes, Screlec et Corepile, pour gérer ces contraintes en lieu et place des metteurs sur le marché.
Les metteurs sur le marché doivent donc :
- adhérer à un éco-organisme (contrat d’adhésion) ;
- transmettre chaque année à l’éco-organisme une déclaration des accumulateurs mis sur le marché à N-1 ;
- verser leur contribution annuelle en fonction du poids et du type de technologie d’accumulateur.
Les distributeurs
Le distributeur a l’obligation de collecter gratuitement les piles et accumulateurs portables des clients et de les mettre à disposition des filières de recyclage. “Par ailleurs, nous conseillons aux distributeurs de vérifier que leur fournisseur français répond bien à ses obligations d’adhésion à un éco-organisme”, explique Sébastien Rempp de la Fivape.
Combien ça coûte ?
Les metteurs sur le marché
La contribution annuelle est calculée en fonction du poids des accumulateurs récoltés et de la technologie utilisée. Par exemple, pour un accumulateur lithium de 47 g, la contribution Screlec est de 2,25 € pour 100 unités mises sur le marché (voir barème Screlec et barème Corepile).
– Quel que soit l’éco-organisme choisi, prévoir un coût minimum annuel incompressible pour la contribution : 150 € pour Screlec, 200 € pour Corepile (tarifs indicatifs pour 2018).
– Pour plus de détails, consultez les contrats d’adhésion Screlec et Corepile.
Les distributeurs
– Le magasin a la possibilité de faire appel à un prestataire des déchets non agréé : la prestation de collecte et de recyclage sera payante.
– Si le magasin fait appel à l’un des éco-organismes, celui-ci fournit les boîtes de récupération et assure gratuitement le service de collecte (les contributions versées par les metteurs sur le marché financent ce service).
Il faut noter que la Screlec propose ces solutions :
• sécurisation du stockage des accumulateurs (scotchage des pôles et vermiculite) particulièrement bien adaptée aux problématiques des boutiques de vape ;
• possibilité de déposer les boîtes pleines dans l’un des 30 000 points de collecte Screlec, sans attendre le ramassage, afin de limiter le stockage et les risques ;
• plusieurs tailles de matériels de collecte de type Batribox et mise à disposition de fiches/supports d’information à destination du personnel de magasin et des clients.
Voici quelques exemples de données pour quelques accus :
Marque | Format | Caractéristiques | Code-barres | Poids |
EFEST | 18650 | 3 500 mAh 20 A | 6 958946 201583 | 47 g |
MXJO | 18650 | 3 500 mAh 20 A | 6 924135 616100 | 47 g |
MXJO | 18650 | 3 000 mAh 20 A | 6 924135 635798 | 47 g |
EFEST | 18500 | 1 000 mAh 15 A | 6 958946 200814 | 32 g |
MXJO | 21700 | 4 000 mAh 20 A | 6 924135 604190 | 70 g |
Pour résumer
Vous êtes distributeur : collectez les piles et mettez-les régulièrement dans le bac de votre magasin le plus proche (grande surface, magasin de bricolage, etc.) ou dès que vous atteignez 60 kg, contactez un organisme de collecte pour prévoir un enlèvement.
Vous êtes metteur sur le marché : adhérez à un organisme de collecte, et en plus de la collecte, vous devez déclarer vos volumes importés et payer une contribution en fonction.
Les déchets souillés (fioles, résistances, etc.)
Cela concerne le plastique des fioles d’e-liquides nicotinés, les résistances ou les clearomiseurs et atomiseurs usagés. Ce sont les éléments qui pour l’instant posent le plus de problèmes puisqu’il n’existe pas encore de filière de recyclage. Les fioles pourraient être facilement recyclées mais le symbole de “Tête de mort” pose encore problème.
La Fivape et différents acteurs travaillent en concertation sur le sujet pour arriver à une solution. Il faut néanmoins savoir que les fabricants sont obligés légalement de les faire collecter par des organismes collecteurs comme Interchimie, qui jettent l’e-liquide en décharge de classe 1 dédiée aux produits dangereux, où les déchets sont “stabilisés” par extraction, notamment, des liquides dangereux pour limiter les réactions chimiques dans la fosse.
Les particuliers peuvent aussi renvoyer leurs e-liquides aux fabricants qui sont obligés de les faire collecter selon ce protocole.
Pour résumer
Si vous êtes distributeur : collectez les flacons (ce n’est pas obligatoire pour les flacons vides, qui peuvent être mis aux ordures ménagères par vos clients) et contactez un organisme de collecte comme Interchimie, Chimirec ou Veolia par exemple pour l’enlèvement (payant).
Si vous êtes fabricant : adhérez à un organisme REP, en plus de l’obligation de payer pour le retraitement des flacons (invendus, périmés, etc.).
Éco-organismes : comment ça marche ?
Il en existe 2 en France : Eco-systèmes et Ecologic. C’est simple et cela n’engage pas de frais. L’adhésion à un éco-organisme est gratuite. Il n’y a pas de seuil minimal de paiement. Il n’y a pas d’autres frais à part la taxe d’éco-participation, selon un barème qui fixe le montant par type de produit vendu. Attention, le barème qui concerne les produits de la vape peut différer d’un organisme à un autre.
Ce barème est simple dans le cas de la filière vape car la vente ne concerne souvent qu’un seul type d’appareils (batteries, box) ayant un faible poids. Les déclarations se font tous les 6 mois sous la forme d’une seule ligne, à un seul code, en précisant le tonnage du semestre, et le montant à payer.
Pour résumer
Vous êtes distributeur : collectez les éléments contenant de l’électronique et les câbles, et mettez-les régulièrement dans le bac de votre magasin le plus proche (grande surface, magasin de bricolage, etc.) ou, dès que vous atteignez 500 kg, contactez un organisme de collecte pour prévoir un enlèvement.
Vous êtes metteur sur le marché : adhérez à un organisme de collecte, et en plus de la collecte, vous devez déclarer vos volumes importés et payer une contribution en fonction (EEE). Cette contribution doit être affichée sur la facture de vente des produits.
Influer sur les fabricants de matériel
La plupart des fabricants de matériel sont basés en Chine. Outre le transport polluant, les produits sont souvent suremballés. Il est utile de les sensibiliser à réduire leur empreinte carbone. À l’issue du Vapexpo Nantes, Vapostore a rencontré de nombreux fabricants pour tenter de modifier certaines pratiques. “Il y a des marques, comme Vaporesso, qui ont déjà prévu de réduire leur packaging afin qu’il soit le plus compact possible. Innokin ne va plus filmer ses boîtes. Ils vont remplacer le film par de petits sceaux. C’est intéressant de voir que les fabricants sont à l’écoute sur ce sujet”, se félicite Maxime Taglione, responsable du développement de Vapostore.
Une solution pour les fioles ?
Alors que les bouteilles de Javel, par exemple, bénéficient de filières de recyclage, les fioles d’e-liquides sont oubliées de ces réseaux. La tête de mort est un frein à la prise en charge des fioles par les organismes de recyclage. Jean Moiroud, président de la Fivape, est optimiste sur l’évolution puisque le recyclage est aussi un business qui génère beaucoup d’argent. “Ce qu’il faudrait, pour régler cette histoire, c’est arriver à déclassifier la nicotine des produits toxiques pour réussir à trouver des sociétés qui collectent nos flacons. Avec la Fivape, nous essayons de le faire comprendre aux autorités. Nos flacons pourraient être recyclés dans du mobilier urbain, donc dans des produits non alimentaires pour qu’il n’y ait aucun problème. Nous avons déjà contacté des sociétés qui sont intéressées. Mais nous n’en sommes qu’aux prémices, c’est très compliqué”, estime Grégory Avril, gérant de Toutatis et membre de la Fivape, très impliqué dans ce dossier.
Un bonus-malus pour les plastiques non recyclés
Après l’interdiction des plastiques à usage unique repoussée à 2021 par le Sénat, voici la taxe sur les plastiques non recyclés. À partir de 2019, le gouvernement va progressivement mettre en place un système de bonus-malus pour inciter les consommateurs à privilégier des produits fabriqués à partir de plastique recyclé.
Brune Poirson, la secrétaire d’État à la Transition écologique et solidaire, l’avait annoncé dès l’été 2018. “Nous allons déployer un système de bonus-malus allant jusqu’à 10 % du prix des produits pour mobiliser le consommateur. Demain, quand il y aura le choix entre deux bouteilles, l’une fabriquée en plastique recyclé et l’autre non, la première sera moins chère”, a expliqué la secrétaire d’État. Les objectifs sont multiples : atteindre collectivement 60 % d’emballages plastiques recyclés d’ici 2022, éco-concevoir les emballages pour les rendre réutilisables, recyclables ou compostables à 100 % d’ici 2025. Cette mesure n’impose pour l’heure aucune contrainte réglementaire aux industriels.
Liquidier, des solutions pour moins produire de déchets
- Le tube en carton, l’opercule en plastique et la notice pliée peuvent être remplacées par une étiquette enroulante tout en respectant la législation.
- Militer pour revenir sur la limitation des 10 ml, ce qui engendrerait moins de plastique pour le même volume d’e-liquide.
Les pods scellés ou clearomiseurs jetables, une aberration écologique
Non recyclables, du plastique, une résistance en métal, une durée de vie ultra-limitée d’une journée en moyenne, les pods scellés et les clearomiseurs sont clairement une épine dans le pied d’une vape écologiquement responsable. S’ils sont pratiques pour les personnes malvoyantes, par exemple, ils sont à éviter autant que faire se peut et il vaut mieux s’orienter vers des systèmes ouverts utilisables plusieurs fois, d’autant qu’ils sont compliqués à recycler.
Les conseils recyclage à suivre en boutique
- Emballage plastique : le déposer dans un bac CollectiBio disponible dans de nombreux magasins bio (Biocoop, La Vie Claire, Naturalia, etc.).
- Carton d’emballage : la poubelle jaune.
- Bouchon de la fiole : la poubelle jaune.
- Fiole d’un e-liquide en plastique non nicotiné : la poubelle jaune.
- Fiole en verre : bac à verre.
- Rapporter le bouchon en boutique si elle dispose d’un collecteur dédié.
- Accus et batterie : les rapporter à la boutique ou dans un bac de collecte d’une grande surface.
Aller plus loin que le recyclage, les exemples à suivre
Recycler, c’est bien, mais moins produire de déchets, c’est mieux. Certaines entreprises de vape en ont déjà pris conscience et appliquent de nouvelles méthodes de travail. Par exemple, Kumulus Vape responsabilise les fabricants, notamment sur la question du suremballage. Elle optimise le traitement des différents types de déchets à destination du recyclage (collectes et bennes dédiées) par le biais de bacs de tri sélectif pour ses salariés. Elle consomme “vert”, notamment en utilisant des produits d’entretien écologiques, en interdisant les bouteilles et ustensiles de plastique, en supprimant les capsules de café au profit de café en grains issu du commerce équitable, etc. Elle va plus loin en réduisant au strict nécessaire les envois d’email et en privilégiant les systèmes de messageries instantanées.
Réduire la production de déchets
La société lyonnaise sensibilise et forme régulièrement ses salariés aux bonnes pratiques écologiques. D’ici 3 mois, elle interdira les impressions de documents à usage interne. Elle utilisera du papier recyclé pour l’ensemble de ses supports de communication. Elle plantera des arbres dans son parc d’activités (discussions en cours avec le bailleur) et installera un composteur de déchets verts à la disposition de ses équipes. Enfin, elle étudie d’autres projets comme les possibilités d’offrir un véritable service de recyclage des produits de la vape à ses clients ou de soutenir une action de protection de l’environnement au travers de leurs achats.
Du côté des liquidiers, VDLV utilise des fioles en plastique recyclé. Ses e-liquides prêts à l’emploi utilisent de la nicotine issue de tabac cultivé localement, son personnel trie les déchets. Dans le futur bâtiment qu’elle intégrera en septembre, VDLV va appliquer les principes d’économie circulaire. Dans le même ordre d’idée, la chaîne Vapostore recycle cartons et cartouches d’encres, et va supprimer les gobelets et touillettes en plastique. Des poubelles de tri sont en train d’être mises en place dans leurs boutiques.