Quel est le pouvoir addictif de l’e-cigarette ?
Le pouvoir addictif de l’e-cigarette n’est pas connu à ce jour du fait du manque d’études, mais on sait que la nicotine est addictive.
Certains témoignages évoquent que le remplacement de la cigarette conventionnelle par l’ecigarette peut s’accompagner de trois typologies de comportement :
- l’usage de l’e-cigarette est destiné à arrêter de fumer du tabac et le sujet diminue progressivement la quantité de nicotine de son e-liquide pour à terme l’éliminer totalement ; à ce stade, il va, soit continuer à inhaler des arômes (une pratique assimilable à l’aromathérapie), soit cesser toute consommation ;
- l’usage est simplement comportemental et le sujet a recours à un e-liquide dépourvu de nicotine ;
- l’usage est destiné à entretenir une addiction à la nicotine et à garder la sensation du hit ; le sujet n’a pas de projet d’arrêt de l’e-cigarette.
Comme l’e-cigarette est un produit récent, peu d’utilisateurs expriment clairement le désir de s’en débarrasser, mais on peut imaginer que cette demande se produira dans les mois ou les années à venir. Actuellement de nombreux vapoteurs semblent entretenir leur dépendance à la nicotine avec un produit moins dangereux que la fumée du tabac. Aucune étude ne démontre aujourd’hui l’entrée en dépendance nicotinique par l’e-cigarette, mais si elle doit survenir, il faudra plusieurs années pour la mettre en évidence et il est justifié de
l’anticiper, d’autant que le produit, avec son apparence et ses senteurs parfumées, attirent les jeunes non-fumeurs, comme le font les nouveaux produits du tabac.
L’importance du pouvoir addictif de l’e-cigarette dépend :
- du produit : la nicotine, une substance potentiellement fortement addictive si administrée en shoot ;
- de sa cinétique : imparfaitement connue mais l’arrivée au cerveau de la nicotine semble rapide ;
- des personnes qui la consomment : les e-cigarettes sont plutôt utilisées aujourd’hui par des fumeurs qui veulent contrôler et réduire le risque de leur tabagisme, voire arrêter de fumer ;
- de la place du produit dans la société : autorisé, interdit, d’accès limité ou omniprésent ; des publicités présentant l’e-cigarette comme un produit pour fumer là où c’est interdit, des sites Internet qui en font la promotion.
Pour répondre à la question posée sur le degré du pouvoir addictif de l’e-cigarette, il est nécessaire d’obtenir rapidement des études de la cinétique artérielle de la nicotine inhalée et de définir la place de ce dispositif dans la société afin qu’il soit réservé aux fumeurs et ex-fumeurs de tabac dans une perspective de prévention de la rechute, de réduction du risque, de réduction du tabagisme ou d’arrêt et qu’il soit moins accessible aux non-fumeurs.
Par ailleurs, la facilité d’accès aux e-cigarettes pousse dans les faits à en faire un nouveau produit du tabac et à laisser ainsi à la nicotine une place privilégiée dans notre société. Il est trop tôt pour savoir si cette grande disponibilité s’accompagnera d’un risque élevé d’entrée en tabagisme.
La mise à disposition de l’e-cigarette uniquement comme médicament, comme cela est proposé par certains, limiterait l’usage du produit. En 2013, les consommateurs qui sont essentiellement des anciens fumeurs se déclarent majoritairement opposés à cette mesure dont l’application au regard de la diffusion actuelle du produit serait vécue comme une prohibition de fait et les conduirait très majoritairement à acheter les produits sur Internet ou par des voies non légales.