Suisse : loi tabac : cigarettiers et antitabac de nouveau ensemble contre la vape ?

Philippe Poirson, auteur du blog Vapolitique et membre de Sovape, analyse l’actualité suisse de la vape. Il s’est penché sur une expérience encore trop rare en Suisse : l’arrêt du tabac grâce à la cigarette électronique.
Une partie de l’avenir de la vape en Suisse se joue à huis clos cet automne. Dans la salle du palais fédéral où se réunit la Commission santé du Conseil national, les députés négocient la future Loi tabac (LPTab). Présidée par Ruth Humbel, ultra-hostile à toute politique de réduction des risques, la Commission va probablement prendre des positions antivape.
Il y a un an, son homologue du Conseil des États a balisé le chemin vers une loi tabac qui s’en prend surtout au vapotage. La Commission était alors dirigée par Joachim Eder. Dans la presse, le sénateur avait estimé que le cigarettier Japan Tobacco est un acteur “responsable concernant la protection des jeunes” pour son soutien à interdire la vente de vape aux mineurs, mais pas celle des cigarettes !
Avec l’appui des élus antitabac, Joachim Eder a réussi à faire appliquer au vapotage plus de contraintes qu’au tabac dans le projet de loi, dont une limite des fioles, y compris sans nicotine, à 10 ml. Ainsi que l’introduction d’une taxe antivape, dont le taux n’a pas été fixé.
L’antitabac Peter Hess travaillait pour un cigarettier
L’alliance des cigarettiers et des antitabac contre un moyen de réduction des risques a au moins un précédent. En 1991, le député Peter Hess obtient la prohibition du snus avec le soutien des antitabac. Dix ans plus tard, la presse révèle qu’il était en secret à la direction d’une filiale de British American Tobacco.
En Suède, les trois quarts des consommateurs de nicotine se sont convertis à ces sachets de tabac pasteurisé que l’on coince sur la gencive, plutôt que de fumer. Les décès liés au tabagisme ont dégringolé.
Le tabou du sacrifice de la réduction des risques
En Suisse, le sacrifice de la réduction des risques est tabou dans les médias. Cependant, en 2019, le tribunal fédéral a finalement reconnu “qu’il n’y a aucune raison objective” à l’interdiction du snus. Après 28 ans d’attente, on peut désormais en acheter en Suisse. De son côté, l’Union européenne n’en est pas encore là.
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