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Suisse : taxe antivape, le mépris des élites suisses pour les plus pauvres

Philippe Poirson, auteur du blog Vapolitique et membre de Sovape, analyse l’actualité suisse de la vape. Il s’est penché sur une expérience encore trop rare en Suisse : l’arrêt du tabac grâce à la cigarette électronique.

Derrière son apparente opulence, la Suisse est trouée d’inégalités. Les revenus sont siphonnés par des coûts inflexibles, notamment de santé, faramineux pour les plus démunis. En moyenne, chaque habitant a payé 9 400 CHF (8 670 €) en dépenses de santé en 2018. La somme n’a rien de proportionnel aux revenus.

À l’assurance-maladie obligatoire non indexée au revenu, s’ajoutent une franchise annuelle et une quote-part de 10 % des frais médicaux non couverts. D’autres frais tels que ceux de dentiste sont exclus de l’assurance de base. Le système contraint les plus pauvres à renoncer à des soins, jusqu’à une fois sur trois à Genève, selon une enquête. 

Les défavorisés exclus de l’arrêt tabagique

Dans ce contexte social, la stratégie antitabac des années 2000 a atteint sa cible dans les classes dotées de ressources. À l’opposé, avec la boîte de 14 patchs à près de 100 CHF non remboursés et une quasi-absence de soutien accessible à bas seuil, les plus démunis ont été abandonnés aux cigarettes.

L’écart de chances de réussir son arrêt tabagique entre classes sociales a ainsi explosé. Entre 1991 et 2011, ce ratio inégalitaire entre les moins diplômés et les plus favorisés a été multiplié par huit. Les méfaits de santé liés au tabagisme renforcent à leur tour les inégalités sociales dans une boucle de rétroaction creusant le gouffre. 

Deux décisions vont empirer les inégalités 

Deux décisions prises en 2020 vont aggraver la situation à l’avenir. Le Fonds de prévention tabac (FPT) a annoncé en août exclure toute mesure de réduction des risques et réduire son soutien aux aides à l’arrêt tabagique. La stratégie de “dénormalisation du tabagisme”, en échec depuis 10 ans en Suisse avec un maintien du tabagisme à 27 %, est renforcée !

Au mépris des demandes des professionnels de terrain par l’élite de santé publique a fait écho le dédain des élus pour les plus humbles. En octobre, une majorité du Conseil national a voté pour une taxe antivape. Celle-ci, dont le taux reste indéfini, ne devra pas être activée avant l’entrée en vigueur de la loi tabac (LPTab), probablement en 2023.

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